vendredi 8 février 2008

Interview :Damon Williams


Georges Betoka alias Damon Williams. Directeur général de Border Blaster international, ce camerounais qui prépare les African hip hop Awards en 2008, négocie des spectacles pour des stars américaines.

Vous avez récemment séjourné au Gabon dans le cadre de la nuit de la musique, qu’est ce que vous faisiez ?
Je réside normalement en suède. Je suis arrivé au Gabon le 16 août 2007 pour la grande nuit de la musique avec une artiste qui avait une prestation à faire. En l’occurrence la princesse du RNB américain, Eve.

Comment avez-vous procédé pour amener Eve au Gabon ?
Dans ma structure, Border Blaster International, qui fait de la production de management et d’édition musicale, j’ai 4 départements : la production, l’édition et la distribution qui deale avec les plus grosses sociétés de distribution indépendantes en Europe et aux Etats-Unis qui peuvent distribuer mon catalogue dans une centaine de pays, en vente dans tous les magasins et en ligne. Le quatrième département c’est du booking et du management d’artistes. Je suis contacté par beaucoup de promoteurs à travers le monde pour ramener des artistes comme 50 cent, Jay Z, Eve, etc. Un ami m’a contacté pour me dire que le Gabon avait besoin de mon coup main pour booker un artiste international. Au début, c’est Sean Paul, mais il n’était pas disponible. On a orienté les négociations vers Eve qui, heureusement, avait quelques jours de libres.

Ça coûte quoi d’avoir Eve sur un plateau ?
Déplacer des artistes de ce niveau coûte extrêmement cher. Pour avoir Eve sur un plateau, le gouvernement gabonais et la fondation Amissa Bongo ont du débourser 300.000 dollars américains soit 150millions de francs Cfa environ. Elle a une dimension internationale avérée, elle est surmédiatisée aux Etats-Unis et passe les trois quarts de son temps en tournée. Eve ne se déplace pas toute seule, tout cela a un coût.

L’argent est-il la seule exigence de ces stars ?
Il y a évidemment d’autres paramètres. il faut d’abord avoir des relations avec l’artiste au point où il te fasse confiance. Car, pour ces artistes là, ce n’est pas l’argent qui les intéresse quand ils viennent en Afrique. Ce sont des millionnaires en euros. Eve est venue parce qu’elle aime l’Afrique. Je lui ai expliqué que florence Titty Dimbeng, la coordonnatrice de l’événement, était très professionnelle. Que toutes ses exigences en terme de standards pour l’hébergement, le transport, la sécurité et pour sa prestation seraient respectées. Et le Gabon a bien répondu aux spécificités du raider, c'est-à-dire un hôtel cinq étoiles, un nombre précis de voitures avec des couleurs arrêtées, le format de la scène, etc…

Vous travaillez uniquement avec des grosses pointures alors…
Border Blaster International travaille avec des artistes européens, américains et quelques africains. Snoop Dogg, 50 cent, Eve, Jay J pour la France c’est avec 113, la Fouine, Booba, Sinik, Lalcko … je m’occupe aussi des artistes au pays notamment Manhitoo avec lequel je suis en contrat pour la réalisation et la production de son premier album. Il y’a Krotal à qui j’ai proposé de travailler uniquement comme agent international afin de lui trouver des maisons pour diffuser son disque.

Comment vend on les artistes à l’international ?
L’industrie musicale est très large. Il y’a trois domaines principaux : la production qui consiste à développer un artiste, financer le studio et la création du visuel et du clip vidéo. Il y’a l’édition, qui est en fait le marketing qu’on fait pour aider l’artiste à être diffusé très facilement. Le troisième élément c’est la distribution, c’est uniquement des structures qui sont spécialisées dans la vente et la commercialisation des œuvres musicales. Ces étapes doivent être maîtrisées par celui qui veut être un agent. Pour vendre un artiste à l’international, la première condition c’est le talent. Ensuite, il faut de la patience, parce qu’il y’a beaucoup trop d’artistes. Les statistiques démontre que sur un million de candidats, il y’en a un qui est retenu et qui arrive à faire un carton. Enfin, à coté de la détermination, il faut s’entourer des personnes compétentes qui peuvent l’aider à gravir une à une les marches du succès. Pour cela, l’artiste doit être discipliné et s’imposer un rythme de vie strict.

Pourquoi ne faites vous pas ce travail au Cameroun ?
(rire). L’environnement est hostile. Le langage n’est pas le même. La politique culturelle qui devrait venir du Gouvernement est inexistante. Mais nous ne sommes pas découragés. Les actions subtiles que nous menons aujourd’hui au Cameroun, pour la construction de notre scène urbaine africaine, seront visibles peut être dans cinq ou dix ans. Pour aider le Cameroun, il faut une stratégie panafricaine de construction musicale. Les décideurs doivent savoir que la base de l’économie d’un pays quel qu’il soit c’est son industrie culturelle. Elle arrive en tête de toutes les autres industries que sont le pétrole, l’armement et la pharmacie. Pour percevoir le potentiel économique Camerounais, il faut avoir été formé. C’est pourquoi j’ai quitté le Cameroun à 18 ans, pour aller ailleurs comprendre comment fonctionne l’industrie du disque.

Cependant, votre premier essai avec le cameroun hip hop awards a été un échec ?
Ça dépend de l’angle avec lequel on interprète ce qui a été fait. En 2002, nous avons travaillé pour la réalisation du cameroon hip hop awards. L’idée était de phen. Je lui ai donné mon accord à condition que sa vision soit plus large. Qu’il ne récompense pas uniquement les artistes camerounais, mais plus tôt des artistes internationaux au Cameroun. Cela permettra aux locaux d’avoir une visibilité internationale avec des médias qui viennent de plusieurs pays. Ensuite, les locaux seront confrontés aux internationaux et pourront acquérir de l’expérience. Ça s’est relativement bien passé. On avait deux concerts. Celui du stade Mbappé Leppé qui était un échec cuisant. Mais pour nous, cet échec a été la plus belle victoire. Car, le projet au Cameroun avait un but précis : faire une simulation grandeur nature sur le terrain. Cela nous permettait de percevoir les difficultés sur les plans logistiques, organisationnel, financier qui nous permettraient de faire un projet à dimension internationale. Et ce projet est entrain d’être construit et aura lieu en 2008.

Doit on s’attendre à un cameroun hip hop awards bis ?
Non. Cet événement va s’appeler les African Hip Hop Awards. Le but de ce concept est de récompenser en terre mère, les fils d’Afrique immigrés, une fois par an en Afrique pour pouvoir partager leur expérience et qu’ils aident ceux qui sont ici à mieux vendre leurs œuvres. Cet événement aura lieu en Afrique du sud, car c’est le seul pays qui peut accueillir autant de personnes dans des hôtels de standard international. J’ai voulu le faire au Cameroun mais il y’a pas de logistique notamment les salles de spectacles, hôtels, matériel technique adéquat. Comment on va faire pour accueillir Eminem, Dr Dre, Timbaland, Shakira, Beyoncé ? ce sont des gens qui demandent des cinq étoiles mais de luxe. A paris, ils refusent même le Hilton car ce n’est pas un standard pour eux. A cette occasion, les artistes camerounais et africains pourront être en compétition au même pied d’égalité avec ces stars. S’ils prouvent, ils peuvent décrocher des contrats avec des grosses maisons de disques. On ne demandera rien à personne, mais ce sera uniquement ouvert à ceux qui ont du talent.

N.B : la soirée de remises des oscars en ce qui concerne le hip hop camerounais aura bel et bien lieu le 11 Février. Préparez vous. Vous pourrez voter dans quelques jours vos meilleurs artistes de l’année.

Marion Obam pour Situation Mag

Aucun commentaire:

2008 - 2009 ,Rap Camer Network - Contact : rap.camer@yahoo.fr